Galerie J.-J. Hofstetter
18.1.-16.2.19
Face au travail de Cecilia Demarmels présenté à la galerie J.-J. Hofstetter, nous sommes
d’emblée tout à la fois emportés par un jeu d’arabesques vibrionnantes, puis appelés
plus rationnellement à distinguer dans un même thème les clivages entre différentes
approches techniques : encre de Chine sur papier vélin, sur papier kraft, peinture sur
toiles, lavis et plume.
Partout cependant le motif végétal s’impose comme le prétexte et l’origine de tracés et
de mouvements dans un foisonnement de feuilles, de branches et de lianes plus stylisé
que naturaliste.
Les formats verticaux sont en noir et blanc ; nous y sommes témoins de l’énergie donnée
par l’artiste à son dessin net, rapide et centrifuge. Le format généreux et la technique
choisis (encre de Chine épargnée par un dessin fait à la cire liquide) se prêtent bien à un
engagement gestuel voire corporel : nous imaginons la peintre engagée dans un corps à
corps avec les grandes feuilles de papier Japon. Le trait est leste, décidé mais il éclate
au-delà des marges. C’est le tropisme du végétal, c’est la vigueur impérieuse du dessin
et une volonté expressive hardie. Le motif prolifère de lui-même à l’image d’une jungle
(pardonnez l’adjectif) un peu Pollockienne.
Les grandes compositions en deux couleurs cette fois, rouge et bleu, réalisées en format
paysage tiennent du même élan ; l’écriture jubilatoire du pinceau et des contrastes
chromatiques forts. Dans ce développement, les oeuvres bichromes tendent soit à une
certaine géométrisation soit à une approche quelque peu Pop’art. Tout cela est direct,
frais, joyeux et plus énergisant qu’une boisson en canette. Ça fleure bon les taillis de la
création plastique et du plaisir de faire.
Cecilia Demarmels présente également de grandes toiles blanches avec des motifs bleus
reprenant la thématique et la ligne végétale aperçus de fenêtres ouvertes sur un jardin.
On pense à Matisse mais c’est fugace et finalement hors de propos. Un autre volet est
une suite de croquis rapides au lavis et à la plume dont on se demande s’ils ont précédé
ou succédé aux oeuvres plus grandes. C’est la simplicité salutaire et la légèreté du
croquis de vacances.
Dans cette exploration, l’artiste aboutit ou s’essaie à des oeuvres sur papier kraft, où les
couleurs se superposent dans de subtiles maculatures. Plus loin encore, les quatre faces
d’une antique statuette de chien. A la liberté des autres peintures, s’impose ici un motif
quasi hiéroglyphique. Ainsi, dans l’exposition de Cecilia Demarmels, les oeuvres
concourent à un même langage où les parenthèses n’entachent pas l’affirmation d’un
style et d’un propos.
Franz Maillard